WES - Split dans la peuf

Le 08.01.2022, par MarionB-42c, 4 commentaires


Le sommet est là, plus que quelques mètres à gravir. La vue est relativement dégagée, un cadeau de ce week-end blanc. Les sommets enneigés nous entourent, la neige est fraîche. La brume, néanmoins, n’est pas loin, et il faut s’activer si l’on veut profiter de la descente dans la peuf mais pas dans les nuages !

Au

On décolle les peaux, que l’on range soigneusement dans les sacs, on cale les raquettes, on assemble les skis, on replace les fixations, on dégaine un snack vite fait pour l’énergie… un ski dévale seul la pente, déclenchant l’hilarité générale… Il y en a un qui est bon pour faire une partie de la descente à pied !

Hahaha ! Mais, mais… qu’est-ce que tu racontes, “on assemble les skis”? - Ah, oui, on ne descend pas en skis, mais en snowboard. - Hein ?

Eh oui, le groupe d’aventuriers du dimanche est parvenu sur ce petit sommet en raquettes pour les uns, snowboard arrimé au sac à dos, ou en splitboard pour les autres; parce qu’aller rider des pentes vierges en partant d’un hélicoptère, ça pollue et ça n’est pas donné, ni donné à tout le monde ! Et le snowboard, s’il a renouvelé les modes de glisse depuis quelques décennies, connaissait une sérieuse limite : l’incapacité d’évoluer sur du plat ou à la montée, ce qui faisait bien rire les skieurs. Alors les snowboarders, pas découragés par ces gentilles moqueries, ont développé le splitboard. S’inspirant du ski de rando, ils ont développé une planche à neige découpée dans la longueur en deux ou quatre parties, utilisées comme des skis à la montée (je te vois venir, non, il n’y a pas de rider à quatre jambes…), rassemblées en une seule planche à la descente. Ainsi ces pratiquants ont pu aller explorer à leur tour les meilleurs spots alpins, conquérir des sommets en toute liberté et dévaler les faces vierges loin des stations bondées.

Gravir des pentes vierges

Voilà comment cette pratique est née, restant assez confidentielle pendant de longues années, mais gagnant soudainement en popularité ces derniers temps ; au CAF de Lyon-Villeurbanne, la section snowboard de randonnée gagne d’ailleurs de plus en plus d’aspirants pratiquants. Et c’est comme ça que plus de 40 pratiquants, complet débutants ou déjà d’un certain niveau se sont retrouvés aux Deux-Alpes en ce premier week-end de décembre, impatients d’aller goûter la neige et de tester leur matériel, certains pour la première fois : un week-end d’intégration digne de ce nom, superbement organisé et encadré par le CAF de Lyon-Villeurbanne (merci Nico, Karim, Olivier), soutenu par Christophe, “Guenille” du CAF de Grenoble.

Pour ma part, cela faisait déjà quelques hivers que l’idée de faire du split me trottait dans la tête… associer mon amour de la randonnée et de la glisse…

Mais Paris-loin-des-montagnes… mais des compétences de bricoleuse dignes d’un dahut… mais peu ou pas de vraie expérience de la poudreuse… mais aucune connaissance de la neige, sinon que, si on ne va pas au bon endroit, on risque de se retrouver profondément enfoui dessous… mais aucune connaissance tout court pour m’emmener découvrir la montagne sous cet autre jour, sans que je me sente boulet…

Et puis Lyon… et puis le Covid et les stations fermées… et puis le CAF et un cycle initiation, certes complet en 2020, mais qui existe… et puis pas de split à la location… tant pis, je me lance, j’achète le matos, je patiente parce que c’est en rupture partout (je ne suis pas la seule à m’être dit que la fermeture des stations était l’occasion de me lancer !), je guette la Bourse aux Équipiers, je fais un tour à la Clusaz avec un pote snowboarder, un autre tour en montagne avec un autre ami, grand habitué du ski de randonnée… Ce n'est pas facile, je manque de technique, j’ai le ski aval qui glisse sur les traversées glacées, je me casse la figure dans les conversions, je suis crevée et j’abandonne à 100m du sommet après 1000 mètres de dénivelé positif, mais je kiffe, et je suis totalement amoureuse de ma nouvelle planche Amplid !

Autant dire que, à peine étais-je informée du week-end d’intégration, ce dernier était bloqué dans mon agenda, et il aurait fallu une météorite pour m’empêcher d’y aller ! Pourtant, prévu dès le mois de septembre, c’était un pari : y aurait-il assez de neige? La météo serait-elle de notre côté ?

Le groupe Whatsapp grossit de jour en jour en deux mois ; les discussions vont bon train, questions de noobs, conseils d’achat ou de location, raquettes, logistique, conférence nivologie, gifs, hardboots…

Malgré un vendredi ensoleillé, le week-end est annoncé blanc, et en effet, on a beau plisser les yeux ce matin, on ne distingue plus les montagnes. Mais ni les nuages ni le manque de pique-niques n’entament la bonne humeur du groupe, et on part à l’assaut des remontées mécaniques, histoire de se remettre en jambes, de vérifier qu’on sait encore glisser et tenir sur nos planches et de montrer à nos (co-)encadrants que ça va, on gère. Le manque de visibilité gâche un peu le plaisir, mais on s’amuse et l’ambiance est excellente. Une pause DVA nous initie aux mystères de ce petit appareil-sauveur-de-vies, mais la coupure refroidit certains d’entre nous, qui rentrent déjeuner au chaud quand les autres continuent l’exploration des pentes embrumées, allant taquiner parfois le hors-piste.

Un samedi embrumé sur les pistes

Cependant, quelle que soit l’heure de retour des uns et des autres, il y a une constante : le sourire qui illumine chacun des visages, s’élargissant sans exception d’une oreille à l’autre !

Dimanche matin, le réveil est difficile… Il faut dire que la soirée d’intégration, improvisée la veille, fut belle ! Après un excellent goûter au chocolat chaud à l’ancienne, et (enfin !) “green” pour certains, tous étant d’accord sur le fait que le repas de la veille manquait cruellement de fromage(s), de charitables volontaires ont fait le plein de fromages et charcuteries à partager, le tout arrosé de vins et bières plus ou moins locaux pour l’apéro ; après la tartiflette, de généreuses lampées de Chartreuse, Génépi ou Whisky arrosent les discussions enthousiastes et les rires à gorges déployées, et la soirée se poursuit relativement tard dans la nuit.

Soirée d'intégration

Mais aussi difficile le réveil soit-il, aussi léger le petit-déjeuner soit-il, rien encore une fois ne peut altérer notre enthousiasme, d’autant plus que le soleil est là, alors même que nous nous étions résignés à un week-end complètement blanc. Un groupe décide de tenter une sortie en splitboard (ou combo raquettes-snowboard). Un skieur s’est glissé parmi nous, mais on n’est pas sectaires ! Les peaux de phoque sont mises, les DVA sont activés et testés ; on a commencé à apprendre, la veille, à utiliser nos DVA en mode recherche, sur le parking des Deux-Alpes, à retrouver un DVA planqué sous les arbres. Il y aura d’autres exercices plus poussés lors de prochaines sorties, mais on se sent un peu mieux préparés.

Split en action

On profite d’une pente un peu plus raide sur le bord du chemin pour s’initier aux conversions et les travailler ; on progresse, on apprend à faire notre trace dans la neige vierge. Et c’est ainsi qu’on est arrivés sur notre premier petit sommet, en fin de matinée, prêts à en découdre avec la descente dans la peuf. Certains sont très à l’aise, d’autres, comme votre obligée, se plantent majestueusement (ou pas) dans l’épaisse couche de neige, mais on est tous heureux et rayonnants quand on arrive au chalet d’altitude, dégageant avec pelles et ardeur les bancs couverts de neige pour que l’on déjeune bien installés.

Ayant refait le plein d’énergie, on décide de gravir à nouveau ces belles pentes, moins vierges après notre premier passage, mais toujours aussi séduisantes. Certains préfèrent aller dévaler quelques pistes en utilisant leur forfait, l’important, c’est de se faire plaisir, de s’amuser.

Soleil + neige + split = bonheur !

L’on s’apprête à repartir de ce week-end avec un manche de pelle et deux rondelles de bâtons perdus, mais une tonne d’images, de souvenirs* et de belles expériences avec nous. Il faudrait que l’on se trouve un nom, pour notre section ; Benja lance “les Gones Riders”, le nom plaît, affaire à suivre ! Schul, qui avait pris sa guitare, nous met dans l’ambiance des fêtes de fin d’année avec un Petit Papa Noël revisité à la sauce punkovid absolument hilarant, avant que chacun ne charge planches et bagages dans les voitures, sans cesser de regarder par-dessus l’épaule les montagnes que l’on va quitter, pour cette fois, à regret.

Sur le chemin du retour, on parlera musique, femmes dans le milieu du splitboard et dans le sport en général, projets… les quelque deux heures de route sont passées bien vite !

Alors le stéréotype du spliteux mâle, en possession d’un garage bien équipé et de compétences développées en DIY-je-farte-ma-board-tout-seul-comme-un-grand a bien volé en éclats ce week-end. A aucun moment je n’ai senti de jugement, à quelque niveau que ce soit ; peu importe que je me vautre de temps en temps dans la peuf en descente, peu importe qu’on soit un peu plus lent à remonter sa board ou qu’on échappe un ski, peu importe qu’on perde un peu l’équilibre sur une conversion. On est là pour apprendre, qui que l’on soit ; on est là pour prendre du bon temps. On est là pour profiter.

Faire du splitboard, c’est magique en soi. S’échapper des stations surpeuplées, gravir la montagne avec sa seule force musculaire, faire sa propre trace sur les pentes immaculées… En 2020 et 2021, le splitboard est devenu une nécessité absolue pour quiconque souhaitait profiter des pentes enneigées. Il s’agit, bien entendu, de s’assurer d’une randonnée en toute sécurité, accompagnée de personnes rompues à la pratique, et ayant une bonne connaissance de la neige et des dangers de la montagne sauvage. Mais je suis tellement heureuse d’avoir pu me joindre à cette première aventure, en espérant de nombreuses autres à venir, aussi belles. Encore merci à nos encadrants et co-encadrants du CAF, qui se plient en quatre pour nous organiser ces belles sorties et développer plus encore cette activité.

Nico dans la peuf

* Vidéo à regarder en 1080p pour éviter d'y voir flou !


 

Si tu rêves de champs de poudre, d'aventures hivernales en sécurité, de passer un bon moment avec d'autres snowboarders, cette activité est pour toi.

Le Club Alpin de Lyon propose cette activité depuis 3 ans avec des membres très actifs et dynamiques.

Nous proposons pour le moment 2 cycles composés de splitboarders (nous acceptons aussi les snowboarders en raquettes):

  • initiation pour découvrir l'activité et se former aux bases
  • perfectionnement pour les splitboarders ayant plus d'expérience

Par ailleurs, nous organisons également un weekend d'intégration et des sorties ad-hoc.

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