La randonnée patrimoine des cabornes
Des pierres et des hommes
Il était une fois le massif des Monts D'or (Mons aureus), petit massif situé au nord-ouest de Lyon, culminant à 625 m. Il couvre 7100 hectares dont la moitié en espaces naturels et agricoles.
Les pierres
Pour faire simple, à l'ère secondaire, la mer envahit la plaine et y dépose des sables et des argiles aujourd'hui consolidés en grès .Ensuite des dépôts sédimentaires faits de calcaires et des marnes s'accumulent, riches en fossiles d'huitres "les gryphées", puis des marnes sombres se déposent à leur tour contenant des fossiles d'ammonites. Au dessus les calcaires jaunes de mer peu profonde, c'est la pierre de Couzon, équivalent de la pierre dorée du Beaujolais. A l'ère tertiaire, un soulèvement, inclinaison vers l'est et fracturation génèrent de nombreuses failles.
Ces phénomènes puis l'érosion en fonction de la dureté des pierres ont façonné les Monts d'or.
Sur notre parcours nous avons pu voir et les pierres grises dites "calcaire à gryphées" et les pierres ocres "la pierre de Couzon".
Nous avons débuté notre randonnée à Saint Romain dont les origines remontent à des temps ancestraux, bien avant les romains. L'après midi nous avons parcouru les sentiers autour de saint Fortunat.
Les hommes
Depuis longtemps la pierre est liée à l'histoire des hommes. La pierre de Gryphée est utilisée comme matériaux de clôture et de dallage (terrasses, escaliers) . La pierre de Couzon, en raison de sa cohérence a été employée comme pierres de taille (colonnes, tour de porte et fenêtres).En se promenant, on peut comprendre l'importance des pierres dans la vie des agriculteurs qui les ont employées pour délimiter les parcelles, les domaines, on longe des murs magnifiques. Ils ont aussi réalisé des abris tels les cabornes, petites constructions de pierres sèches. Les abris possèdent généralement un toit en encorbellement obtenu en posant de façon circulaire des pierres plates les unes sur les autres en faisant déborder les rangées supérieures sur les rangées inférieures de façon à obtenir une voûte fermée par une grande pierre plate posée au sommet. Nous avons pu observer les différentes techniques en nous arrêtant vers un petit atelier pédagogique.
Les cabornes des Mont d'Or sont souvent de dimension modeste, 1,5 à 4 mètres de large , 2 à 5 de haut. Elles sont nombreuses, 400 ont été recensées. Les formes sont variées, de la simple guérite dans un mur de terrasse à la cabane isolée. Une restauration de ce patrimoine a été entreprise dés 1996 par des bénévoles. Ce sont actuellement des abris à usage agricole mais certaines ont été habitées jusqu'en 1944 (caborne de Carquiche à st Cyr). Quelques unes abritent des sources ou des citernes. Elles ont souvent été construites et utilisées par les carriers.
Nous avons longé des murs ou des rangées de pierres longs de plusieurs dizaines de mètres et de 1 à 5 mètres de large avec parfois des cabornes intégrées, surtout vers St Fortunat. Le nom local de ces dispositifs est "chirat", ils résultent de l'épierrement des terres mises en culture (il faut débarrasser le sol des pierres, obstacles au soc de la charrue et les stocker dans un coin du champ). Les carriers ont eux aussi participé à la construction de ces murs.
Certaines cabornes du coté de saint Romain sont anciennes, moussues et bien préservées, d'autres sous le Mont Roche sont rénovées et de formes variées, ce qui donne un paysage très particulier aux murs dorés sous le soleil de ce mercredi de décembre.
Michelle, notre guide du jour, a su éveiller notre curiosité et de nombreuses questions et nous sensibiliser aux particularités de cette partie des Mont D'or qu'elle connait bien.
Nous avons passé une excellente journée dans les pierres dorées des Mont D'or en toute convivialité.
Martine Grisel