Cette aventure commence un jeudi soir, dans un des deux minibus loués par le club pour notre weekend d’alpinisme en direction du massif du Caroux. Plusieurs groupes de différents niveaux avaient décidé de se donner rendez-vous pour profiter des nombreuses courses répertoriées dans le secteur. Le matériel et nos sacs rangés, un long voyage de 4h30 nous attendait. Alors que le sommeil nous gagnait vers 23h, la playlist évoluait brutalement vers ce cher Lorenzo, un rappeur breton qui enjailla tout le minibus avant notre entrée tardive au camping.
Jour 1
Nous sommes privilégiés pour ce weekend d’initiation dédié aux débutants, avec 3 novices sélectionnés pour découvrir l’activité en étant encadrés par 3 super encadrants.
Ce matin en attendant le café, nos encadrants expliquent à mes deux compères et moi-même comment analyser le « topo » et préparer la marche d'approche. Ce qu'il faut bien comprendre en Alpinisme ou « Alpi » c'est que les pratiquants parlent un dialecte très spécial et que si vous êtes un débutant c'est presque une LV2.
Pour résumer une marche d'approche un peu engagée se traduirait par « faire le sanglier » avec le matos dans les sacs et les cordes bien lovées. Adieu les rêves d’une marche tranquille sur un sentier balisé et bonjour l’analyse pointue des descriptions parfois poétiques voire souvent originales des topos.
Arrivés au début de la course d’arête (attention on dit une course mais on ne court pas vraiment, c'est même fortement déconseillé), on s'équipe (bodar, corde descendeur, coinceurs et friends de toutes les couleurs et de tailles, casques…). On a bien entendu enregistré ou imprimé le topo qui parlera sûrement de longueur débonnaire ou de chemin péteux.
Oui ! Le Pratiquant d'Alpinisme, ou PA, a de l'imagination et du style. C'est un peu le poète des montagnes. Il est également joueur et aime nous surprendre ! Lorsqu’il nous prévient que le terrain peut devenir « moussu », ou lorsqu’il annonce une 4C qui est peut-être finalement une 5B (ou plus). Pourquoi me diriez-vous ? Car l'ouvreur qui rendit hommage à son père pour nommer l'arête (à Marcel) livra une cotation pleine de surprise à l'époque des cordes en chanvre et des chaussures plus proches des sabots. Conclusion : penser à regarder les cotations et surtout les années d’ouverture.
Mais réduire une journée comme celle que l'on a passée à un jeu épistolaire serait injuste. Ce serait oublier la beauté de la vue, la technicité déployée par nos encadrants pour passer certaines longueurs et nous permettre de s’y engager ensuite en sécurité. Tout cela sans oublier de nous transmettre les premiers rudiments d'un apprentissage passionnant avec pédagogie et patience. Mention spéciale aux friends tous décoincés et aux mousquetons bien rangés mais aussi à Fabien qui est toujours super calme, je vais l’appeler Maitre Jedi je pense !
Après un debrief au bar du coin (avec saucisson local au roquefort et de quoi étancher notre soif) nous retrouvons les 2 autres groupes qui nous comptent leurs péripéties.
Car le PA vit des aventures sur un TA. On nous explique que l’un d’entre eux a chu. Il n’a heureusement rien de grave, des belles contusions et un vol en hélicoptère. Ce récit nous rappelle qu'il faut rester vigilant, concentré et savoir également gérer l’imprévu avec calme. La panique ne peut être admise.
Jour 2
Ce matin le réveil sonne plus tôt pour le café toujours aussi long à couler (allez William fait pas la tête !) mais pas que... car l'arête des Charbonniers nous attend. On nous annonce que Annie Cordy nous attendra en haut puisqu'on redescendra en passant par le col du Curé. La marche d'approche nous échauffe bien correctement et nous commençons à nous équiper. 3 cordés de deux comme hier et c’est parti !
La course est plus facile que la veille et si un passage nous donne du fil à retordre, Lucas (qui soit dit en passant imite très bien l’éléphant) nous explique le coup de pouce du tirage de dégaine ! « On appelle ça faire de l'artif » qu'il dit, mais bien sûr personne n’a rien vu et ça restera entre nous. Sur la dernière longueur nous avons le plaisir de grimper sur une arête et « c'est de la belle grimpe ça ! »
Arrivé en haut nous grignotons en vitesse un morceau et là vous me direz que l'aventure est finie et ben non ! Vivent les sangliers, d'ailleurs on en a entendu pendant la course !
La descente est certes balisée mais bien engagée, ces gros points bleus nous narguent dans cette descente moitié sur les fesses moitié accrochés à un arbre. Arrivés en bas nous retrouvons un autre groupe qui termine aussi sa journée et apprenons qu’ils ont fait cette même descente et toute leur course avec « les grosses ». De retour à notre bungalow, on termine la journée par un atelier nœuds. Et vous, vous êtes plutôt cab ou demi cab ? A une ou à deux mains ?
Après une rapide douche nous débriefons de nouveau au bar en attendant son ouverture.
Je ne peux pas en quelques lignes vous résumer les conseils donnés mais je vous recommande de pratiquer car l'expérience prime ! Ah et faites aussi attention en via ferrata et gare au facteur de chute !
Le soir au camping, nous discutons avec les autres groupes et partageons nos aventures en attendant nos burgers. Et en prenant un peu de recul, un nouvel univers s'ouvre à nous, le champ des possibilités s’élargit et pendant un instant on se redit qu’on est chanceux d’être ici ce week-end.
Jour 3
Il pleut et c'est nul ! Mais alors on n’a pas trop le choix et on rentre ? Eh oui.
Heureusement, sur la route Romain relance sa playlist et on a le droit à beaucoup de nouveaux conseils matos, podcast et anecdotes d'aventures !
Alors, on ne pense plus qu’à une chose, quand est-ce qu’on repart ???