Ski de rando, poèmes et vidéo (Cycle perfectionnement 1 2016)

Le 01.07.2016, par JeanchristophS-c54, 5 commentaires


La saison de ski est terminée.

Le cycle Perfectionnement 1 a été une belle aventure humaine à défaut d'avoir été une succesion de belles journées ensoleillées. Mais cette adversité nous laissera tout de même de beaux souvenirs à travers une vidéo et deux poèmes que je vous invite à lire.

La vidéo :


Cycle Perfectionnement ski de rando CAF Lyon 2016 par jch69

Le poème de Jean-Philippe :

CE QUE L'ON VIENT DE VIVRE

Une randonnée à ski à la Brèche de la Meije

La vallée grise est comme une tombe glacée
Qui repose endormie sous un brouillard rampant
De sombres et noires vapeurs qui semblent frissonner,
Echarpes vaporeuses que dévore le vent.

Nul animal en vue, nulle trace de vie,
Toutes les âmes ont fui cet espace glacial.
De chamois, de chocard et de blanchon, nenni,
Sur ses rocs, sur ces pics, sous ce ciel boréal.

Images en noir et blanc, visions sépia,
Oh rude Vénéon, que ton jour est amer.
A peine par instant, un maigre alléluia
Quand l'écharpe dévoile un fin lambeau d'éther.

Dans ce triste désert, rien ne semble sourire.
Mais du fond du vallon, une faible rumeur
Monte et s'enfle à mesure que l'on voit accourir
De la vallée du Rhône de fiers et prompts skieurs.

Rangés en file indienne, habillés de couleurs,
Ils progressent en riant vers les cimes rêvées,
Et glissent avec aisance sur le manteau nacré
Dont le vent des tropiques a moiré la pâleur.

Sans ralentir jamais et sans hâter leur marche,
Ils montent en chantant vers l'horizon brumeux,
Avec le fol espoir d'apercevoir cette Arche
Dont parlaient les anciens le soir au coin du feu.

Ils savent qu'elle est loin et remontent d'instinct
De leurs sacs pesants la bretelle glissante.
Parfois un cliquetis ou un éclat soudain
Révèle à leur insu leur quincaille sonnante.

Car ils ont l'ambition, ces jeunes audacieux
De venir taquiner de la Meije la Brèche,
Et par là s'approcher du domaine des dieux
Ainsi que leurs ainés en des temps plus revêches.

Arrivés au refuge, étape inconfortable,
Ils ignorent ces détails et passent vite à table,
Sandwiches et pâtés engloutis comme de rien,
Et font passer le tout, d'un grand verre de vin.

Pour ne pas s'engourdir et conserver la forme,
Ils ressortent aussitôt et déroulent à l'instant,
Pour arracher du gouffre les poids les plus énormes,
Les cordes et les poulies assemblées en palans.

La même frénésie dans le même quart d'heure,
Leur fait prendre la sonde et préparer la pelle.
Ils vont d'une main ferme et avec belle ardeur
Dégager la victime de la neige éternelle.

Après ces amuses gueules ils passent à autre chose.
Et revenant à table avec des ficelles roses,
Tout pécheurs qu'ils soient du pêcheur ils s'enquièrent
De la noble manière de nouer les lanières.

Viennent ensuite la soupe, le riz et le curry,
Un morceau de fromage, une part de gâteau.
Les voilà rassasiés et bientôt tout ouïe
Pour entendre le Garde leur parler du Râteau.

Passons sur les WC, on en a trop parlé.
Oublions les ronfleurs et les boules Quiès,
Passons sur le coucher, les dortoirs encombrés,
La plupart ont dormi tranquilles et non inquiets.

C'est à l'aube et sans hâte que nos preux chevaliers
Avec le demi-jour se sont remis à l'œuvre.
Après le bol de thé ou la tasse de café,
Ils ont serré leurs brailles et lové leurs couleuvres.

La pluie les débarbouille, le vent les sèche vite.
Ils s'élancent à l'instant et partent à l'assaut.
Leur objectif est là, qui voudrait qu'on l'évite,
Mais ils vont droit dessus, car ils ne sont point sots.

Sous le même firmament d'autres escouades fières,
Sont parties ce matin; mais ce sont des enfants.
Tous remontent la moraine, ce long serpent de pierre
Qui trace un chemin raide sous son grand manteau blanc.

Un vaisseau de granit les domine à présent,
C'est qu'ils sont en dessous du fameux Promontoire.
Mais qu'importe des monts le surplomb imposant :
Ils avancent toujours, ignorant le brouillard.

La troupe s'est resserrée, elle marche avec grandeur,
Elle s'avance sereine, progresse sans effort.
Ils sont sur le glacier, ils sont dans les vapeurs,
Sous leurs pieds les crevasses, et au-dessus le port.

Les voilà maintenant au pied du corridor.
On déchausse les skis, on lace les crampons.
Grimper dans un couloir, voilà pour les plus forts
Qu'il est temps de montrer que l'on est vraiment bon.

Bien sûr, il y a du vent, bien sûr les doigts sont gourds,
Mais le chef est devant et sa femme le suit.
Alors il faut monter et prenant au plus court,
Ne pas perdre courage et se dire: là, j'y suis !

Bien sûr le vent est fort, et il veut me verser,
Mais je suis bien content : on redescend déjà.
Je comprends maintenant pourquoi j'ai tant soufflé
Quand je vois, horrifié, quel abîme est sous moi !

Attention à la marche et au mollet devant :
Les crampons peuvent mordre la chair comme la neige.
Et comment va-t-on faire avec ces drôles de gens
Qui ont tendu leur corde ainsi qu'un méchant piège ?

Mais bientôt c'est fini, nous voilà retournés.
Le sac sur les épaules, le masque sur les yeux.
On rechausse les skis, les crabes sont rangés.
Ce que l'on vient de vivre, n'était-ce pas merveilleux ?

La pente est droit devant, son appel est sans fard.
Viens vite leur dit-elle, et sur mon doux manteau
Trace avec élégance les courbes du hasard,
Qui resteront ce jour ta marque sur mon dos.

Ils glissent avec aisance et refont à l'envers
Le chemin qu'au matin ils montaient en rêvant.
Leur ballet est joyeux, leurs entrelacs d'enfer :
Ils garderont du lieu un souvenir charmant.

Revoilà le refuge, et ses tristes toilettes,
Le retour sur terre est souvent... déprimant !
Heureusement que les bières et les pots de rillettes
Leur font vite oublier ce détail humiliant.

Ils revivent, souriants, leur sublime épopée,
Se racontent les détails et refont à l'instant
De leur belle matinée le parcours enneigé
Qui les a fatigués tout en les fascinant.

Puis vient le dur moment d'abandonner ce lieu
Dont ils ont tant rêvé avant que de l'atteindre.
Ils rechaussent les skis et parcourent des yeux
Cette sombre vallée que la rumeur fait craindre.

Dans la neige lourde et molle, en cherchant les chamois,
Glissant vers La Bérarde, ils retournent au monde.
Ceux-là se font attendre mais bientôt un, deux, trois...
Ils sont-là dans la pente et sont vus à la ronde.

Enfin, ultime épreuve, la neige se fait rare,
Les buissons et les pierres sont leur nouveau défi.
Pour ne pas déchausser ils plongent dans le Tartare,
Mais des skis leurs semelles sous les griffures s'écrient !

Puis on est au village, puis on est aux voitures.
Tient, encore des chamois ! Mais plus aux pâturages.
Arrivés au garage, on enlève les chaussures,
Regardant ces chevreaux tondre le maigre herbage.

On retrouve à la fin les compagnons perclus,
Raquettes au râtelier et genoux au repos.
Ils sont là, bien au chaud, dans leurs rêves perdus,
Attendant les amis pour boire un dernier pot.

Et une fois encore ils refont tous ensemble,
De ces heures héroïques le récit plus qu'épique.
Ils se revoient en haut, dans le vent qui les tremble,
Oubliant la fatigue et le froid qui les pique.

C'est le temps des échanges, c'est le temps du partage,
Ou chacun à son tour redit avec ses mots,
Tout ce qu'avec son cœur, tout ce qu'avec son âge,
Elle ou il a senti en ces moments si beaux.

Ils rêvent désormais à la prochaine fois,
Du prochain rendez-vous, des prochaines promesses,
Et ils se voient déjà remontant avec joie
Les pentes de Vanoise avec la même ivresse.

 

Le poème de Benjamin

Deux jours plus tard, Lyon était sous la pluie,
De cette brèche, on regrettait presque la tempête,
Au point que nos esprits stressaient dans l'ennui,
Le vague à l'âme, telle l'âme tressée dans la cordelette.

Grâce à la prose des uns, et aux images des autres,
Nous quittons brièvement une malheureuse grisaille,
Pour revenir vers un nuage d'instants nôtres,
Mais, las, fatigue et nostalgie nous cisaillent.

Nous ne l'attendions plus, mais à l'orée de la nuit,
Le poète dévoile les mots qu'il a conçus en serre-file.
Par ses vers il vient révéler la délicieuse harmonie,
De ces moments passés autour des trois mille.

Peu importe que la neige était beige,
Sous ses mots, le ciel devient éclat, et le sable albédo,
A nouveau, nous remontons la Brèche de la Meije,
Grâce au poème qu'il nous offre en cadeau.

Tout y est, du wc au glacier dont il ferait rimer la rimaye,
Des mouflages aux couchages, des chamois aux cervoises.
A la fin de cette Illiade, nous voilà déjà au mois de mai,
Aux Fours et à la Femma, ce sera l'Odyssée de Vanoise.

 

Pour clôturer ce compte-rendu, quelques citations cultes :

  • Là, c'est au co-encadrant de passer devant (sommet des Marmottes Noires, descente dans la purée de pois)
  • Les filles, apprenez à pisser malin (Grand Som en Chartreuse)
  • Qu'est ce que tu as fait ce week-end ? J'ai pris l'air en montagne (Brèche de la Meije)

Brèche de la Meije


 

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