Les Bananes 2024, chapitre 2

Le 14.02.2024, par GuillaumeD-2d6


Les Bananes 2024

 

Chapitre 2 : Les bananes en Vanoise

Depuis nos aventures précédentes, Janvril était passé par là. Cela faisait des jours que le temps sublime de cette fin d'hiver 2074 sublimait la neige. Heureusement pour nous, Jean-mi nous avait une fois de plus donné sa bénédiction, la neige et le soleil seraient encore au rendez-vous.

3 semaines avaient passé depuis le premier weekend des bananes 2024. La faim de dénivelé et la soif de frissons étaient revenues. Il restait encore suffisamment d'enneigement pour que nous laissassions nos baskets au camion. Les baskets blanches en peau de tofu végane de Marine Trépigne étaient épargnées.

La montagne était d'humeur joueuse, elle nous avait préparé un labyrinthe de langues de neige et d'herbe parsemées de buissons épineux dans lequel nous nous allions nous perdre. Le temps s'accélérait, l'altitude se figeait, et les distances se distendaient. Pris au piège du labyrinthe, l'irrégularité du terrain aspirait nos forces. La fatigue et la tétanie étaient déjà là. Nous n'en étions pourtant qu'au début de notre course. A la sortie du labyrinthe, nous n'avions pas fait le quart de l'ascension. Le plus dur restait à faire.

La suite était plus débonnaire. Arrivés à un ressaut, chacun employa la méthode de son choix. Notre tailleur de marche, n'était pas d'humeur à marcher, Anna et moi non plus. Nous avions sorti nos couteaux, lui ne les emploie apparemment que pour le fromage et le saucisson. Le reste du groupe préféra passer à pied. La difficulté n'en était pas une pour des bananes.

Les heures passant, le soleil brillait de plus en plus fort. Écrasés par ses rayons ardents, les bananes mirent le genou à terre. A vrai dire les bananes mirent les fesses à terre, l'heure du casse dalle avait sonné. C'était une première, un de ces jours qui marque l'histoire. Jamais une banane et encore moins une patate n'avait posé ses fesses à terre pour contempler les rondeurs glacières et le tranchant des arêtes qui s'offraient devant nous. L'air était doux, le soleil chauffait nos joues et le saint nectaire délectait mes papilles. Nous étions au paradis pourquoi repartir ? Après tout qui voudrait partir du paradis ?

Telle la voix d'une sirène entrainant dans les abysses Ulysse et ses camarades, la voix du Becqui Rouge et de son couloir Sud coté 4.3 nous avait déjà fait mettre nos crampons. Hypnotisés par cette voix, un sous-groupe se dirigea vers l'arête alpine.

L'autre sous-groupe pris la voie du couloir. La neige était parfaite, Fred et moi nous relayâmes pour tailler des marches dignes du festival de Cannes. A nous deux, nous déroulions à coup de piolets, le tapis rouge du Becqui pour le reste des troupes. Eux en profitaient pour prendre la pause dans les marches. La pente ne finissait plus de se redresser. 40, 45, 50°, Sophie Marceau en perdrait ses bretelles. Après vérification, c'est bon, nos slips et leurs contenus étaient toujours là.

La célèbre montée des marches du Bequi rouge et les stars du CAF qui prennent la pause tant attendue

Quelques efforts plus tard, nous arrivâmes au sommet. En T-shirt à 3000m début février, le climat de 2074 nous offrait le plaisir coupable de profiter de la vue sans nous presser. Nos gourdes étaient vides et nos corps desséchés. Il nous fallait redescendre. Le mini bus était 1650m plus bas, si loin et si proche à la fois. Descendre ? Anna et Fred commençaient à se questionner : « Comment ça descendre ? Vous voulez dire descendre là par là où on est monté ?

Le temps de se poser ces questions existentielles, Benoit et moi faisions chanter nos oazos. Clac, clac, clac, clac, pas le temps de niaiser. Les couloirs étaient nombreux, il nous fallait en choisir un. Nous choisîmes de descendre par notre itinéraire de montée. Arnold pris tout juste le temps de lancer aux couloirs sa célèbre réplique : « I will be back », qu'il était déjà lancé dans le raide. Le style était soigné. Avec la douceur du temps, la neige était une moquette aussi épaisse que celle de Buckingham palace. La descente fut royale !

Mika sur la moquette de Buckingham Palace

Bien que le couloir était derrière nous, il nous fallait encore retrouver notre chemin dans le labyrinthe emprunté à l'aller. Trop grands pour jouer à croque carotte, notre soirée jeux commença par une après-midi croque banane. Lequel des skieurs arrivera au minibus sans se faire croquer par un requin et sans déchausser ses skis ! Quelques bananes perdirent au jeu mais toutes arrivèrent saines et sauves au mini bus. Nous pouvions rentrer au Bouquerel Palace pour réhydrater nos corps de bières. Les bananes ne se refusent rien. Il en aura fallu du panache et des panachés pour une si belle journée.

Le lendemain, tout partait en banane, nous démarrâmes avec les remontées mécaniques de Pralognan. Et oui en 2074, les bananes avaient vieilli. Il est loin le temps des ascensions de l'époque en style Pyrénéen. Le temps d'arriver au Barmettes ou plutôt d'en sortir, il était déjà 10h du matin. Décidemment Jean-mi était avec nous mais Chronos et Kairos étaient résolus à faire échouer nos plans.

Après le tapis rouge de la veille, nous arrivâmes au lac du Tapinoire. Quelques conversions et conversations plus tard nous mimes les crampons. Le couloir était long. A chaque pas, le sommet s'éloignait. Il était tard, Chronos et Kairos assis l'un sur la pointe des Volnets et l'autre sur celle des Vallonets se fouettaient de nous. « Regarde-moi ces blaireaux, quand ils arriveront ici la neige aura déjà regelée ! » disait l'un. « Dépêche-toi, la neige aura fondu avant que tu ne descendes ! » disait l'autre.

Nous étions encore et toujours en T-shirt quand nous sortîmes la tête du col, il en était fini de la chaleur maternelle du couloir. Le vent froid frais nous rappelait à la réalité. Il ne nous fallut pas longtemps pour nous retrouver les skis aux pieds. Nous étions prêts pour descendre. Sisyphe qui s'était joint à Chronos et Kairos nous donna le décompte pour le drop in. La descente était aussi jouissive que celle de la veille. Sisyphe était donc un rider ! Monter pour descendre, tel est le sens de la vie.

Les deux loustics de Chronos et Kairos n'avaient pas dit leur dernier mot, sur le chemin du retour, les bananes se perdirent une fois de plus aux Barmettes. Nous n'avions fait que 1200m. Personne n'en saurait jamais rien. La réputation des Bananes était en jeu. La crème de la crème des CAFteurs ne serait-elle qu'une simple bande de bananes ?


 

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