Les Bananes 2024
Prélude
Comment suis-je arrivé là ? Où vais-je ? Voilà, le type de question introspective que nous pose la montagne. Originaire des Pyrénées, je déménage sur Lyon en Novembre 2022 après un long exil Parisien. Lyon est pour moi la promesse de belles aventures montagnardes.
Pour ce qui est de la montagne estivale, je partagerai ces moments avec ma femme mais avec qui donc vais-je partager l'expérience de la montagne hivernale ? Mes copains Pyrénéens sont trop éloignés et trop occupés avec leurs marmots. En quelques clics sur internet, je tombe sur le site du CAF. La réflexion ne me prend pas très longtemps et me voilà membre.
Le temps passe et je fais doucement connaissance avec le club. « Oh le rider du sud, faut que tu fasses les bananes, toi qui aime le raide ». Les bananes c'est ça qu'il me faut pour lier de nouvelles amitiés alpines.
Les places sont chères, va falloir être à l'affût et avoir un sacré coup de bol. Visiblement, la demande est très largement supérieure à l'offre pour des sorties de ce niveau. Et là soudainement, je suis frappé par la grâce ! « Mais enfin banane, puisque tu inities déjà des copains à la pente raide, devient encadrant », me dis-je.
Les dépôts des candidatures sont ouverts, je prépare mon dossier en béton armé. Bingo, ma candidature est retenue. Ma bonne étoile doit être aussi motivée que moi pour faire des virages sautés.
Le programme de la saison sera varié en paysages, à chaque weekend un massif différent :
- Janvier, les Aravis
- Février, la Vanoise
- Mars, le Dévoluy puis le Thabor
- Avril, le Mont-Blanc
Il ne reste plus qu'à prier Jean-mi dieu de la neige pour avoir de bonnes conditions pour de la pente raide.
Chapitre 1 : Les Bananaas ravies
Ma bonne étoile était toujours motivée à bloc pour faire des virages sautés : le BRA indiquait un risqué limité en face Nord avec une poudreuse de cinéma, un temps doux et ensoleillé.
C'était la première journée pour le groupe, celle du test. Chacun se demandait quel serait le niveau du groupe. « Serais-je capable de suivre ? Ai-je le niveau technique ? » L'heure du rendez-vous, du tête à tête avec soi avait sonné. La montagne nous avait sorti le grand jeu. Ce devait être une formule découverte : entrée, plat, dessert.
Entrée
Diligence de conversion servie sur une croupe poudreuse à 35° / D+800m
****
Plat
Virages sautés à 45° généreusement arrosés de blanc feutré / D+400m
****
Dessert
Cramponnade de l'inutile à neuf sans huit / D+200m
L'objectif de la journée était de ratisser le cul d'Ugine. Rassurez-vous, il n'y a pas d'Ugine parmi les bananes. Nous avons comme encadrants Romain la sagesse, Marine trépigne et Benoit le tailleur de marche. Et pour la promotion de bananes 2024, nous avons Anna, Max, Fred, Mika, Thibaut et moi.
Le départ s'est fait pile poil dans le tempo des bananes, 400m/h. Pendant que Marine et Benoit papottaient de tout et de rien, Romain nous faisait la trace et mon altimètre se régalait. 5672 conversions après nous fumes au sommet de la croupe. Ça n'était pas très large, juste assez pour y caser un régime de 9 bananes. On dépeauta, papotta, grignotta. Une photo avant le départ et c'était parti pour le drop in comme disent les free-riders.
Benoit n'avait pas couru de la semaine on ne put le retenir plus longtemps, il rentra dans le lard de ces G zero. Le run était beau, digne de Pierre Hourtiqc. Tout le monde lui emboita le pas. Sur la fin de mon run, un requin m'attaqua, pas de chute, le ski était encore en vie, on voyait la structure de mon ski mais heureusement ma carre était toujours en place.
Pour la deuxième montée nous ne suivions pas la trace de Romain mais une bonne trace de m$*de. La haut la vue sur Ugine était à couper le souffle. Sacrée Ugine...
Avant de descendre, je posa la question à Marine : « Je mets les peaux dans le sac ou contre moi ? ». La réponse fut de bon augure pour la saison. « Sois toujours prêt à repartir, au cas où. » La descente s'est faite par un petit couloir gavé de poudre, la première descente de pente raide de la saison. Même en passant dernier c'était de la bonne.
Arrivées en bas bingo, les troupes étaient motivées pour le dessert. Nous repartîmes, les skis sur le sac cette fois. Tout le monde mit ses crampons, Benoit passa devant et nous tailla des marches dans la poudre grâce à ses crampons airlights laisselesàlamaison, les crampons les plus légers du marché.
Repues, les bananes 2024 avaient fait leurs preuves. Elles purent rentrer à l'hôtel célébrer cette belle journée. La fête dura jusqu'à 21h58 pour les plus téméraires. Les bananes avaient bien flambé, le repos était mérité. Nous pouvions nous laisser glisser dans les pentes du sommeil.
Dimanche notre choix se porta sur le couloir de contrebandier, un couloir de l'étale orienté nord-est. Moins esthétique que le menu de la veille, son approche nous a néanmoins offert une belle vue panoramique sur le massif du mont blanc. Et comme la veille nous avions remporté notre pari en trouvant la solitude et de la peuf. La montée s'était faite sans encombre, notre tailleur de marche avait bien bossé.
Arrivés au sommet, le ciel s'était couvert et le vent soufflait modérément. On ne s'attarda pas pour descendre. Bien que moins esthétique, ce large couloir nous a permis d'avoir de la poudre même pour les derniers. A mi-chemin, l'exposition passait en versant Est et avec le ciel voilé nous trouvâmes soudainement une belle neige croutée. Ah la croutée ! Les skis filant droit comme des brises glaces, on s'était cru un instant dans les Pyrénées, là-bas même la neige a la couleur et la texture de la crème catalane !
De retour au camion après un premier weekend réussi, les bananes rentrèrent avec la banane.
A bientôt pour de nouvelles aventures de bananes.
Les bananes 2024