Week-end de mars du cycle "Lagopèdes Alpins" en mobilité douce

Le 07.04.2024, par LudivineR-559, 2 commentaires


Et voilà le 3ème et dernier week-end prolongé de la saison. Les Lagopèdes sont rodés. Dès la gare de Lyon Part-Dieu le mercredi midi, ils sont en terrain connu : faire attention aux panneaux pour ne pas se coincer les skis accrochés au sac, trouver un wagon pas trop rempli, ranger les skis en hauteur et les chaussures sous les sièges. Tout est calé rapidement. Dans le train à destination de Grenoble, puis dans un bus en direction de Briançon qui nous dépose au Lauzet, après le col du Lautaret. Arrivé au petit village, nous trouvons rapidement notre gîte, bien confortable. Nous avons du temps le soir pour préparer la sortie du lendemain en testant une nouvelle méthode : il s'agit de construire collectivement un schéma/dessin de la rando en intégrant les facteurs humains, météo, nivologiques, les risques, les horaires et les modes de vigilance. 

Le lendemain, le plan de course est appliqué par les Lagopèdes, véritables métamorphes. D'abord usagers assidus de transport en commun, nous prenons une navette gratuite pour descendre à Mônetier-les-bains. Puis, ski sur sac, nous atteignons les Guibertes et entamons la montée à sec au milieu des pins. S'ensuit un petit slalom aérien pour éviter les branches, les skis à gauche, à droite, position schuss pour éviter les branches les plus basses... Les Lagopèdes passent de randonneur à skieur vers 1900 m pour atteindre le col de Buffère, 500 m plus haut. Après une pause pique-nique, nous descendons le vallon pour passer au refuge de Buffère et allons chatouiller les mélèzes après avoir choisi l'option "aventure" plutôt que de prendre le GR tout tracé. Le cheminement est bien géré dans la poudreuse sans prise de risque et l'épopée sauvage se termine par une traversée de passerelle artistique sur le ruisseau de la Guardiole. Une Lagopède tente le passage en ski, glisse en arrière et finit par un petit pas de canyoning : en mode échasses, seuls les bouts des spatules sont immergées. Pour terminer notre plan de course, il ne nous reste plus qu'à charbonner encore un peu pour monter au refuge du Chardonnet par un chemin bien damé et bien raide. 

Le vendredi, nous partons en exploration à la Grande Manche. Il s'agit d'un magnifique défilé au-dessus du refuge, entre la crête du Raisin et la crête du Diable, se terminant pas un col assez abrupt. Les Lagopèdes font leur trace et franchissent ressauts et chaos tout en admirant le coin. Nous progressons en gardant l’œil vigilant au plafond nuageux, prévu pour se densifier et s'abaisser, accompagné d'un zeste de vent. Au pied du col, au point de décision prévu, les Lagopèdes expérimentent la méthode des six chapeaux de couleur pour analyser la situation en prenant du recul. Il sera décidé de ne pas s'entêter sur l'objectif du col, au vu des risques et de la visibilité se dégradant, mais plutôt d'aller chercher d'autres combes plus clémentes. C'était assez probable vu les conditions mais il faut bien se l'avouer, nous nous sommes pris une veste à la Grande Manche. La descente est bien menée par les Lagopèdes et nous partons à la découverte d'une combe au dessus du lac du Châtelard, pour profiter des derniers instants avant la perturbation annoncée. Arrivés à notre objectif singulier, un télénivomètre, nous dépeautons et skions la neige légère pour nous mettre à l'abri au refuge. Enfin, sauf les deux encadrants qui préparent un exercice de secours : un beau champ d'avalanche avec trois sacs ensevelis, un blessé et un témoin choqué. Le groupe peut ainsi s'entraîner, dans le vent et sous les averses de neige, à un secours collectif. Le soir, les Lagopèdes profitent d'une présentation en refuge de leur petit cousin, le Tétra Lyre... nous apprenons qu'il construit son igloo dans certaines zones, à éviter en hiver. Et pour terminer cette journée instructive, après le repas, c'est le moment du petit jeu d'improvisation en duo sur les pièges de l'inconscient et les biais cognitifs en montagne. Les Lagopèdes très créatifs valident la pertinence de ce jeu inédit, avec un renforcement notable des abdominaux des spectateurs pliés en deux.

Le samedi... le samedi fait partie de ces journées mémorables qui, en ressenti, comptent pour 3 jours. A l'origine, le plan était d'aller au refuge des Drayères, de jardiner autour le dimanche et de faire une belle traversée le lundi pour basculer côté Maurienne et rentrer par un bus savoyard depuis Valloire. Mais les prévisions météo nous ont stoppés dans notre élan de grande itinérance : dès le samedi après-midi, un combo perdant neige/vent/risque 4 était annoncé, se poursuivant tout le dimanche et laissant présager un lundi encore perturbé. Difficile de renoncer à ce beau projet mais nous décidons d'annuler et d'écourter notre séjour dans les Cerces. Nous profitons du samedi matin encore paisible pour explorer la troisième combe au-dessus du refuge, en direction du col du Raisin. Les Lagopèdes cheminent dans le grand blanc : seuls quelques mètres devant les skis sont visibles pour faire la trace, le reste se découvre au fur et à mesure. Pas facile d'anticiper, personne ne sait ce qu'il va se passer exactement dans 50 mètres... hop, ça redescend... petit ruisseau... hop, ça remonte... Arrivés au mini lac du Raisin, nous décidons de redescendre pour profiter de cette belle neige fraîche. S'ensuit une alternance de combes, passages de ruisseau, traversée de lac, bien sauvages et joueurs. La compétition de la plus belle figure artistique aquatique reprend de plus belle. Un Lagopède décide de faire son igloo express, en passant au travers d'un pont de neige camouflé. Après plusieurs tentatives et un peu d'aide, il réussit à revenir à la surface. Nous plongeons ensuite dans la vallée de la Clarée en passant par les chalets du Queyrellin et ses belles pentes de poudre de qualité. Après une randonnée côté sauvage du ruisseau, nous mettons les skis sur sacs à dos et retournons à la civilisation.

A Névache, le réseau est accessible, les Lagopèdes ont plein de ressources et échafaudent d'autres plans pour profiter des deux derniers jours restants. Le col du Lautaret vient de rouvrir, c'est possible d'aller skier vers La Grave où les conditions sont moins drastiques. Après les modes détendu et vigilant sur les skis, les Lagopèdes passent en mode intrépide. Des coups de fil sont passés dans tous les sens, des messages sur répondeurs laissés, SMS envoyés... L'objectif est de trouver un hébergement pour 8 le soir même, un samedi de vacances scolaires. La boulangerie de Névache se transforme en plateforme boursière : j'ai 2 places au gîte du glacier... moi, j'ai 4 places aux oreilles d'ânes, repas compris... Les places disponibles sont notées, les lieux aussi, les possibilités de repas... En parallèle, deux équipes se forment pour atteindre Briançon : une qui prend les 8 paires de ski et les 4 places restantes dans la navette et une autre qui fait du stop. Les appels et pré-réservations continuent sur le trajet. Ça y est, 8 places sont trouvées, dans le même hébergement, à Villar d'Arène. Les plans de ski de rando pour le dimanche commencent à être envisagés : monter au Chazelet à pied, en stop ou bien par le bus de la ligne S26 (vérification des horaires : ah il circule tous les mercredis à 13h....), dormir le dimanche soir au refuge du Pic du Mas de la Grave (petit appel, ils ont de la place pour 9)... Tout le monde se retrouve à la gare de Briançon, les auto-stoppeurs ont été embarqués rapidement. Il ne reste plus qu'à aller à Villar d'Arène. Un bus peut nous rapprocher à Mônetier-les-bains et le stop devrait fonctionner pour la fin du trajet. En parallèle, les appels à tous les taxis du coin permettent de trouver un bon plan pour 8 avec paires de ski, assez économique et efficace. 

A 17h30 à la gare de Briançon, nous montons dans le taxi, je regarde pour la centième fois le site d'info route des Hautes Alpes pour vérifier l'état du col du Lautaret... Il était prévu de la neige et beaucoup de vent pour la soirée. Ah, nouvelle info... et bien, ils viennent de fermer. Le plan tombe à l'eau. Comme l'itinéraire le matin à ski dans le grand blanc, pas facile d'anticiper, personne ne savait ce qu'il allait se passer exactement dans les heures à venir... hop le col est fermé... hop le col est ouvert... hop ça referme... En vrais itinérants dans l'âme, les Lagopèdes restent motivés et plein de ressources. Avec un enthousiasme sans faille, nous nous mettons au chaud dans un café pour échafauder d'autres plans : dormir à Briançon et tenter de passer le col du Lautaret le lendemain quand il rouvrira. A nouveau, les téléphones s'activent pour trouver un hébergement pour le soir même : les copains (ah 3 places dispo ici), les hôtels, les copains de copains, les parents de copains... la voisine de l'appartement de vacances des parents d'une copine qui devraient avoir un double des clés si elle est bien là... Elle est bien là, elle a les clés, l'appartement est libre et peut accueillir 8 personnes. Ce bon plan incroyable nous offre un nid chaleureux pour la soirée. Le lendemain matin, nous vérifions l'état du col du Lautaret régulièrement. Il reste fermé... ah ils ont même décalé l'heure prévisionnelle d'ouverture à 15h. Cela compromet fortement les plans de ski au Chazelet. Il ne reste plus qu'à rentrer à la volière, par le bus Zou Briançon/St-Michel de Maurienne. Le passage en Italie permet de contourner le Lautaret et de retrouver notre train familier direct St-Michel/Lyon. Nous reprenons nos habitudes de débriefing collectif dans le wagon avec un bilan du cycle.

Après 3 week-end prolongés en itinérance, les Lagopèdes ont fait honneur à leur espèce : comme l'oiseau qui change de couleur de plumage pour s'adapter à son milieu entre l'hiver et l'été, le groupe enjoué a brillé par son adaptation à toute épreuve. Un grand merci à toute l'équipe ! 

Les Lagopèdes 2024 : Aurélien, Blanche, Camille, Léo, Lucie et Simon. Co-encadrant et encadrante : Martin et Ludivine.

Tout terrain

Arrivée au col de Buffère

Ski acrobatique

Les petits mélèzes et la Grande Manche

Préparation

Crête du Raisin

Entraînement

Crête du Diable

Le tétras lyre dans son igloo

Retour

 


 

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