LES ALLUMÉS DU DÉNIVELÉ / UNE SEMAINE EN QUEYRAS (MARS 2024)

Le 24.04.2024, par HenripierreB-34e, 1 commentaire


LES ALLUMÉS DU DÉNIVELÉ / UNE SEMAINE EN QUEYRAS (MARS 2024)

18 mars. Une semaine de rêve, je vous dis. Un vrai slogan d’agence de voyage. Ce n’était pas les cocotiers de Seychelles mais les mélèzes du Queyras. Pas de sable fin à perte de vue mais de la poudreuse blanche, open bar. Au moins autant de soleil avec un ciel aussi bleu que les eaux d’un lagon tropical… Je m’égare.

Nous avons enchainé de belles courses, comme autant de perles sur le fil de la semaine, la tête de l’Eypiol, 2722m, le pic de Maloqueste, l’antecime de Chabrière et le Pic Ségure, 2990m, depuis Abriès, le col de Praroussin, 2600m, et la cime éponyme pour certains, le col de la Querlaye, le col du Longet et le pic Traverssier, 2880m, à partir de Fongilarde, le pic Cascavelier et la pointe Marcelette, depuis saint Véran, toutes faces nord pour garder de la poudre sous les spatules. Une vraie drogue, cette blanche, à devenir fou, à force de godiller dans tous les sens, ivres de glisse, de plaisir à seulement bouger l’oreille droite pour tourner à gauche, à slalomer à cache-cache entre les mélèzes, à regarder et même photographier, fiers comme Artaban ou des gamins de dix ans jouant à qui fera pipi le plus loin, la belle trace laissée sur une pente vierge. A treize, on peut labourer une quinzaine d’hectares immaculés en moins d’une vingtaine de minutes. Tant pis pour les bestioles qu’on ne voit pas mais qu’on dérange, nous sermonnera un garde du Parc, né en Californie, venu un soir nous faire la leçon. La poudre, elle, vous monte à la tête, devient une addiction, on ne peut plus s’en passer. S’enclenche alors un cycle infernal.

Pour vous aider à piger, je vous raconte la dernière vraie course. Le lendemain, on devait rentrer à Lyon : juste le temps de monter au pic de Châteaurenard, 1000m de dénivelé, une paille. Partis donc du village de Saint Véran, skis au pied vers 8h. Tôt, soi-disant pour éviter d’avoir trop chaud au soleil. Nous avons rejoint la piste de ski de fond, au Pont Vieux à 1950m, longé le torrent de l’Aigue Blanche, puis obliqué à droite dans les mélèzes, vers le vallon du Longet, une grande pente de neige orientée nord-ouest, dominée par la tête éponyme, à 3146m. Soit 1200m de dénivelé. Il doit être 11h30 lorsque nous nous agglutinons au sommet pour la traditionnelle photo de meute, zombies multicolores, contents d’eux, masques sur le nez, casque sur la tête. Nous sommes encore treize. Trop tôt pour manger, trop tôt pour rentrer. Et si on descendait la face sud vers le vallon de la Cula ? Trois paresseux refusent d’allonger la course. Les dix autres s’élancent et remettent les peaux au fond du vallon, 250m plus bas, pour remonter au collu sous la cime. Soit au total 1450m de dénivelé. Redescente cette fois, du bon côté, face nord, mais arrêt à mi pente, vers 2700m. Il est tout juste deux heures de l’après-midi. Qu’est-ce qu’on va foutre tout l’après mdi à glander sur la terrasse du gite ? Et si on remontait à la tête de la Cula, 400m plus haut ? On ferait ça en une heure. Six lucides ou fatigués renaclent.

Restent quatre allumés du dénivelé, quatre enragés de la cardio, le dernier carré des drogués de la poudre, pour repeauter et remonter. Je soupçonne au moins deux d’entre eux, pure jalousie de ma part, d’avoir un objectif inavoué en tête : arriver au seuil magique des 2000m de dénivelé. Impossible pour eux de terminer la semaine autrement qu’avec ce trophée. Donc redescente et troisième remontée de 200 m pour atteindre le podium convoité tant rêvé, qui consacre votre égo et vous classe au-dessus du troupeau. Pour ce quarteron, rentré à l’hôtel vers 17h30, l’ivresse est de toute autre nature que celle d’une bière paresseuse sirotée au soleil couchant d’une terrasse, pour les autres.

Nous avons joué tous les jours à ces courses à rallonges. Merci aux bergers qui nous ont guidés dans la blancheur de cet univers immémorial et à Fanny du gite de Costebelle pour ses soupes d’herbes sauvages. Une semaine de rêve, je vous disais. Au total dix-mille mètres de montée/descente, foi d’Iphigenie : un beau chiffre, non ? Plus encore pour quelques hallucinés. L’équivalent de 3300 étages calcule mon petit-fils, dix ans, qui me répond : Papi, cesse tes vantardises. Il n’a pas tort. Garder la tête froide : le lendemain, par risque 2, une avalanche venue de très haut, descendant un couloir, balayait le bas de l’itinéraire de la tête du Longet emprunté la veille à la même heure.

Snowy Allen


 

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