Carte ou GPS ?

Le 19.10.2019, par JeanchristophS-c54, 2 commentaires


Carte ou GPS ?

 

J’ai parfois l’impression d’assister à une n-ième version de la querelle des anciens et des modernes :

-          Moi, je ne prends plus de carte. J’ai Iphigénie sur mon téléphone

-          Moi je n’ai pas confiance dans les GPS. Rien ne vaut une bonne vieille carte !

Je vous propose de dépassionner le débat et de faire le point sur l’évolution des techniques à notre disposition et sur l’impact dans nos sorties. En restant en France, pour simplifier.

 

Internet :

Avant même d’aborder le chapitre GPS, regardons ce qui est disponible sur le net. De nombreux sites, Géoportail site de l’IGN en premier, permettent d’afficher gratuitement les cartes IGN sur nos écrans. On peut à loisir étudier les parcours projetés ou déjà réalisés. En cherchant un peu, on trouve des retours d’expérience d’autres pratiquants, par exemple des traces gps réelles nous donnant l’itinéraire précis effectué. C’est très utile pour les activités telles que le ski de randonnée où tout n’est pas précisé sur la carte.

Le côté réseaux sociaux d’internet donne aussi des informations récentes, particulièrement intéressantes pour le ski en début et fin de saison pour connaître l’enneigement.

J’entends déjà certains critiquer le manque de pertinence des informations venues du net. Mais qu’en était-il autrefois et encore maintenant des informations recueillies de vive voix au refuge ou sur un sentier. Doit-on faire plus confiance parce qu’on voit la personne ? L’intérêt d’une trace gps réellement parcourue est son côté factuel : la personne est passée à cet endroit. La facilité ou la difficulté rencontrées sont plus subjectives…

Pour les amateurs de poudreuse, l’IGN a développé un outil fantastique : la représentation colorée des pentes. Les couleurs jaune (entre 30 et 35°), orange (<40°), rouge (<45°) et violette (> 45°) indiquent immédiatement dans quelle difficulté de ski on va se trouver mais surtout à quel risque d’avalanche on risque de s’exposer. C’est très visuel et en un coup d’œil on sait dans quel environnement on sera.

 

Cartes IGN :

Si vous avez acheté une carte IGN récemment (depuis 2017), avez-vous remarqué que le quadrillage bleu est désormais parallèle aux bords de la carte ? Ce n’était pas le cas avant. Cela signifie que nous voyons désormais une représentation du terrain suivant les coordonnées UTM, conçues pour les GPS. En cherchant dans la légende, vous trouverez sans doute que le Nord géographique n’est plus aligné avec le bord de la carte ! On y voit les 3 nords : géographique, magnétique et le bord de carte (= nord des coordonnées UTM). Petit rappel sur les carrés bleus : ils font 1 km sur 1 km.

Si les cartes utilisent les coordonnées GPS comme éléments principaux de représentation, cela prouve bien que le GPS est devenu indispensable aujourd’hui et a relégué la boussole aux oubliettes (c’est un peu provoc mais tout juste).

A ma connaissance, la représentation des pentes à l’aide des couleurs n’est pas disponible en carte papier. On en voit cependant dans certains refuges qui ont leur carte personnalisée centrée sur ledit refuge.

 

Les GPS :

On peut distinguer deux types de GPS : les « vrais » GPS, appareils dédiés à cette fonction (principalement Garmin) et les fonctions GPS installées sur des smartphones.

Aujourd’hui, presque tout le monde a un smartphone capable d’héberger une application de type Iphigénie (il en existe d’autres que je connais moins bien). Pour 15€ par an, on a les cartes de toute la France et d’autres pays (testé en Norvège) sur son téléphone. L’immense avantage de cette solution est de pouvoir se situer en temps réel sur une carte IGN. C’est magique ! Et c’est relativement intuitif, au moins pour les fonctions de base. Le CAFLV organise d’ailleurs des formations à ces outils. Les principaux inconvénients des smartphones sont leur autonomie et leur utilisation en conditions difficiles (pluie, neige, froid). Mais on peut trouver des parades : batterie supplémentaire, protection… Pour les skieurs, on peut voir la carte colorée des pentes.

Les GPS classiques sont moins fragiles et sont dotés d’une meilleure autonomie. Par contre l’écran est plus petit et on n’a pas toujours le fond de carte IGN. De plus, ils représentent un coût non négligeable à l’achat. Je les conseille pour des raids de plusieurs jours sur un itinéraire préparé à l’avance.

 

Avantages-inconvénients

Alors, me direz-vous, peut-on se contenter de son smartphone pour partir en montagne ? Oui, dans de très nombreux cas, surtout si l’engagement est faible, typiquement rando à la journée avec un téléphone bien chargé. Cependant il faut avoir conscience des limites de ces appareils électroniques. Il leur arrive de bugger ! J’ai déjà vu un Iphone équipé d’Iphigénie être décalé de plus d’un km et annoncé une altitude de 5300 m alors que nous étions dans les Cerces. Tout est revenu normal plus d’une demi-heure plus tard. J’ai aussi vu mon Etrex 30 se déprogrammer et ne plus afficher le fond de carte.

Avec la carte papier on n’a pas ces inconvénients. Mais surtout la carte a une échelle fixe au 1/25 000 pour laquelle on a des repères d’évaluation des distances. C’est important pour les raids de plusieurs jours (à pied ou à ski) où la vue d’ensemble du massif est bien utile. Sur une carte on voit aussi mieux les successions montées-descentes qu’il faut anticiper.

Que dit la FFCAM ? Lors du stage instructeur cartographie-orientation que j’ai suivi en 2017, le message a été très clair. En plus des techniques classiques d’orientation à l’aide d’une carte, un encadrant doit posséder et maîtriser un outil GPS. Les techniques évoluent, nos pratiques aussi !

 

Préparer sa course

Quelque soit la discipline pratiquée en montagne, la réussite d’une course ou d’un raid commence avec la préparation en amont. Pour suivre l’itinéraire prévu, il est très important de l’avoir bien préparé en identifiant les points de passage (waypoints), leur altitude, les changements de direction (azimuts) et la distance (ou durée estimée) entre ces points. On peut facilement programmer tout ceci sur son GPS ou simplement bien les visualiser sur la carte et les mémoriser. Sur le terrain, avec un smartphone et une application type Iphigénie, en enregistrant sa trace (visible sur la carte), on repère très bien son cheminement.

Dans la préparation, ne pas oublier de se documenter, trouver différents topos (livres, sites internet) de la course prévue et sur le net chercher des comptes-rendus de sorties avec enregistrement des traces GPS effectuées.

 

En conclusion

Carte et GPS sont des outils complémentaires qu’il faut apprendre à maîtriser. Le mieux est de pratiquer par soi-même à chaque occasion. Les smartphones permettent d’avoir à disposition toutes les cartes IGN. A consommer sans modération !

Les CAF, celui de Lyon Villeurbanne en particulier, organisent des formations sur ces sujets. Certaines ont lieu en soirée, d’autres comme les UV carto 1 et carto 2 se déroulent sur 2 jours entiers. N’hésitez pas à vous inscrire sur le site du club ou de la fédération.

 

Jean-Christophe Segault

Initiateur randonnée et ski-alpinisme, instructeur cartographie et nivologie

Article paru dans la revue alpine de septembre 2019


 

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